14/05
Depuis que je sais que je dois rejoindre Laurel et Hardy en Indonésie, nous avons coché notre séjour au Mont Bromo et au Mont Ijen. Nous savons que cela va être du type "Expédition" mais nous sommes assez excités. Gerald et Herman nous attendent à l'heure prévue. Herman, qui se présente sous le pseudo de Carlos (rassurez-vous, aucun lien avec le terroriste), sera notre chauffeur. Au bout d'une demi-heure, Gerald nous laisse (soit disant le mariage de son frère le lendemain avec une Irlandaise, il vont chercher loin leurs histoires quand même) et est remplacé par Augustinus dont le surnom est Coca-Cola ... Gerald va même jusqu'à nous présenter son père (un vieux monsieur qui attend avec son groupe d'amis). Nous comprenons bien vite que nos deux accolytes ne parlent pas très bien anglais, bien que ce soit un de nos critères de sélection ... Ils demandent à être payés de suite, ce que nous refusons poliment puisque nous avons déjà payé 50% à l'agence, et nous ne paierons le solde qu'à la fin du voyage.
4h de route (145 km) vers l'ouest, le long de la côte sud de Bali nous emmènent de Seminyak à Gilimanuk, lieu d'embarcation pour un ferry qui nous permet ensuite de rejoindre l'île de Java. Quelques belles rizières longent la route, mais rien de bien folichon.
La traversée du Détroit de Bali prend 1h sous une pluie fine à bord d'un ferry bien fatigué. A noter que nous changeons d'heure et retardons nos montres d'1 heure, et oui ce n'est pas la même heure pour faire la Java.
Arrivée à Banyuwangi où nous déjeunons et nous sommes prêts à repartir. Notre agence nous a annoncé que le premier soir, nous logerons à Sempol, près du sommet du Mont Ijen et que nous arriverons vers 18h.
Nous sommes très surpris quand notre chauffeur nous arrête 1/2 heure plus tard seulement devant un hôtel un peu perdu de la banlieue de Banyuwangi. À l'hôtel, un guide nous explique qu'une jeep viendra nous chercher le lendemain matin à 4h du matin, et qu'après 1h45 de trajet en voiture par la face est, nous pourrons commencer notre ascension à pied du volcan. Nous reconnaissons ce guide, il était sur le bateau avec nous et nous l'avons vu discuter avec nos G.O. C'est très bizarre pour ne pas dire que ça sent le plan foireux. Surtout que le Guide du Routard précise que l'ascension en voiture par la face est est bien plus difficile que par la face ouest (je l'ai toujours dit, l'ouest est mieux que l'est), surtout s'il pleut, or il n'a pas arrêté de pleuvoir depuis 2 jours !
Nous prenons possession de nos chambres vieillotes et nous nous demandons ce que nous allons bien pouvoir faire pour occuper notre après-midi dans ce trou perdu, sous une pluie incessante.
Surpris par ce changement de programme, et un peu échaudés par ce début de voyage, nous allons demander des explications à Coca-Cola, pendant que notre chauffeur se fait plus discret. Clairement, Coca-Cola manque de gaz et semble perdu dans les discussions. On apprend que c'est son premier voyage en tant que guide au Bromo et au Mont Ijen. Je commence à perdre mon sang froid "légendaire" et menace de ne pas payer si le lendemain nous ne sommes pas capables d'atteindre le sommet. Yannick demande à téléphoner au responsable. S'engagent d'interminables discussions : on nous dit que la route est coupée à cause des intempéries, qu'il y a eu un éboulement, que les hôtels au sommet sont déjà complets, etc ... Après 2h d'échanges et alors que nous sommes résignés, notre guide nous annonce que nous partons dans la foulée pour Sempol mais que si sur place, il n' y a pas de place, nous redescendrons (soit 3h de trajet pour rien). Evidemment, nous sautons dans la voiture, tout en prenant soin d'appeler un hôtel au sommet et de réserver nos chambres (pas folles les guêpes). La route est plutot bonne et une certaine euphorie nous gagne, même le ciel est en train de se dégager ... pas pour longtemps.
En cours de route, notre chauffeur s'arrête demander le chemin, et le passant l'informe que la route n'est pas praticable vu notre véhicule ! On s'arrête dans un hôtel pour demander plus d'informations. Le gérant nous confirme qu'avec notre voiture, nous ne pouvons pas aller plus loin, qu'une jeep est nécessaire et que cela prendra 3h. Enfin, nous réalisons que notre chauffeur a choisi de prendre l'option d'une ascension par l'est alors que nous étions persuadés qu'il avait compris que nous souhaitions passer par l'ouest (l'Indonésien est têtu !). C'est au tour de Yannick de perdre son calme. Notre chauffeur fait la tête, nous explique qu'il ne connaît pas la route et ne veut plus nous parler. Coca-Cola est en liaison permanente avec Houston car de toute évidence, nous avons un problème. Anne-Laure s'essaie au yoga dans la voiture, après tout, c'est le pays idéal pour ça.
Finalement, notre guide négocie une jeep et nous allons laisser là notre voiture. Cela suppose que demain, nous serons obligés de repasser par ce chemin ! Nous abandonnons notre chauffeur et la voiture jusqu'au lendemain.
Il est 17h30, La nuit est tombée, nous grimpons dans la jeep et après 1h15 de piste, nous atteignons enfin Sempol et l'hôtel (oui, les 3h se sont transformées en 1h15 ...). Je crois que ce dernier tronçon restera dans la mémoire de notre guide qui a prié pendant une longue partie de l'ascension. Il fait nuit, il y a de la brume et la route est franchement défoncée mais nous arrivons à rigoler de la situation pendant que nous sommes balancés de droite à gauche dans la jeep. Ce sont les nerfs qui lâchent après cette journée.
L'hôtel sent le vieux, mais vue notre journée, nous n'en avons cure. La température est aussi bien descendue, et nous sortons les polaires. Nous invitons notre guide à dîner, car il s'est bien rattrapé avec la jeep, nous le sentons stressé et nous comprenons qu'il s'est fait influencer par notre feignant de chauffeur. Petit détail qui peut avoir son importance, il n'a qu'un t-shirt et n'est de toute évidence pas préparé à affronter le froid ...
Nous l'attendons pour dîner et comme il n'arrive pas, Yannick se décide à aller le chercher et le trouve blême et grelotant dans sa chambre. Le froid ? Pas du tout, le chauffeur vient de l'appeler pour dire qu'il rentrait avec la voiture à Bali et nous laissait en plan !
Yannick le reconforte et nous attaquons le repas. Curieusement, je nous trouve assez zen, peut-être est-ce parce que notre guide est complètement sonné, que notre journée a été épique mais que finalement nous sommes arrivés à bon port. Le chauffeur ne répondant plus, nous sommes en contact avec le responsable. Celui-ci menace d'appeler la police pour se lancer à la recherche du chauffeur et visiblement sur Java, il vaut mieux éviter les policiers.
Pour l'anecdote, Coca-Cola nous dit qu'il est le frère de Gerald, mais qu'il n'a pas de frère qui se marie demain ... De même, il nous montre une photo de son père sur son téléphone portable, il ne ressemble en rien au monsieur de ce matin.
Chaque jour suffît à sa peine, nous considérons que nous aurons le temps de nous inquiéter demain et qu'en attendant, nous pouvons aller préparer nos affaires et profiter de l'ascension du Mont Ijen le lendemain matin.
Peu inspiré par la literie, je préfère dormir habillé, après avoir vaporisé la chambre de déodorant, histoire de cacher cette odeur entêtante de pisse de grand mère incontinente (pardon mamie).
15/05
Réveil à 4h30 pour un petit déjeuner frugal.
Notre guide a meilleure mine et visiblement notre chauffeur nous attend en bas du volcan.
Nous nous lançons à 5h du matin pour l'ascension, le jour se lève, et les nuages se dispersent.
Apres 1h15 de montée, nous touchons au but. Le Mont Ijen est un volcan à l'intérieur duquel se loge un magnifique lac et qui est exploité pour l'extraction de souffre. Nos dernières 24h sont peu de choses en comparaison avec le paysage époustouflant qui s'ouvre devant nous. Le gris des parois, le bleu turquoise du lac, la fumée blanche et le souffre de couleur jaune : le paysage est à couper le souffle. Il est 6h du matin en ce mardi et nous sommes ébahis par la beauté du paysage. Nous restons presqu'une heure à profiter du paysage, prendre une multitude de photos et à observer ces travailleurs indonésiens qui extraient le souffre, et le descendent dans la vallée, avec des charges de près de 100kgs sur leurs épaules !
Accessoirement, nous apprenons que les mines ont réouvert pour la saison la veille ! On y voit un signe de la fin des mauvaises blagues.
Superbe moment, peu de touristes (pour l'anecdote, 95% sont des français), à faire absolument pour tous ceux qui nous suivent et viendraient en Indonesie.
Après cette ascension, nous redescendons en jeep sans souci et retrouvons notre chauffeur, dont le comportement a radicalement changé. Il est souriant et près à se mettre en route !
Nous n'avons pas de temps à perdre, il est 9h30 et près de 10h de voiture nous attendent.
Le trajet est long mais sans souci, nos guide et chauffeur sont souriants.
Les indonésiens conduisent n'importe comment et il y a beaucoup de camions sur le chemin mais notre chauffeur prend son temps et est très attentif, ce qui nous va très bien. Bon, Coca Cola s'arrête à la pharmacie car il est malade mais ce n'est pas vraiment surprenant !
Nous arrivons à Ngadisari, au pied du Bromo vers 17h, la nuit est en train de tomber. L'hôtel est assez kitch, mais cela nous va. Nous partageons la chambre ce soir.
La température est tombée, du coup nous choisissons de prendre un soto ayam (soupe de poulet) puis assez vite nous regagnons la chambre.
21h00, Yannick lance l'idée d'une soirée film qu'il a patiemment choisi.
21h03, nous commençons à avoir des doutes sur la qualite du film.
21h04, nous n'avons plus de doute.
21h05, fin de la séance ciné et extinction des feux, de toute façon, il faudra se lever à 3h du matin pour l'excursion demain !
16/05
Comme prévu, le réveil est difficile, mais bon à 4h, nous sommes dans la jeep, prêts pour ce qui doit être un moment fort de notre séjour.
Nous attaquons la montée en jeep puis après 1/2 heure, nous arrivons sur un parking. On nous propose de continuer la montée à pieds ou à cheval. Nous savions qu'il y avait ces 2 possibilités mais nous pensions que nous pourrions aussi aller jusqu'en haut en jeep. Le point de vue est censé être très touristique, avec rangées de bancs et multitude de vendeurs et donc accessible en voiture.
Yannick et Anne Laure ne sont pas fans des chevaux, nous attaquons la montée à pied. Il semble que nous soyons les premiers sur le site ce matin. Après 2-3 lacets, nous constatons qu'il y a beaucoup de lumières de phares de voitures dans la vallée d'en face. On continue à monter, sur des chemins très escarpés et à la lumière de la lampe torche de Yannick. Inutile de préciser que notre guide n'a pas le matériel nécessaire. Un peu plus haut, nous n'avons plus de doutes, nous ne sommes pas à l'endroit espéré, c'est-à-dire que nous allons vers un point de vue qui n'est pas celui dont tous les guides parlent. La colère commence à monter. Arrivés à notre point de vue final, nous distinguons le Bromo dans la nuit mais clairement les lumières des autres jeeps filent sur une autre colline à 1-2 kms de là, à vol d'oiseau. Il est 4h40, trop tard pour rebrousser chemin. La discussion avec notre guide est assez vive, il nous avoue qu'il a pris l'option la moins chère auprès de l'hôtel qui gère les jeeps et les trajets jusqu'aux points de vue. En même temps, notre guide découvre aussi les lieux et en clair, nous essuyons les plâtres. Nous n'arrivons pas à savoir s'il est très naïf ou complètement idiot. D'autres touristes arrivent après nous et en arrivent à la même conclusion : nous nous sommes faits berner. Ceux qui éventuellement ne s'en seraient pas rendus compte, nous n'hésitons pas à le faire remarquer, y'a pas de raison de ne pas partager notre déception.
Cela étant, nous décidons de ne plus en parler et d'essayer de profiter du moment, nous règlerons cela plus tard.
Il est 5h, Paris s'éveille et le soleil aussi. Un gros nuage passe et nous fait craindre de rater la vue, mais il aura la délicatesse de s'esquiver aux premiers rayons du jour. Début du show ! La encore, les contrariétés et autres heures de voiture sont immédiatement oubliées, et la magie du lieu opère. Nous sommes ébahis, le Bromo est composé de 2 monts et d'un cratère entouré d'une mer de lave séchée. Les minutes passent et ce paysage prend différentes couleurs, joue avec les nuages et nous en prenons plein les yeux. On ne peut s'empêcher de prendre une multitude de photos, tellement le lieu offre de nouvelles images au fur et à mesure des minutes.
Finalement nous ne sommes qu'une vingtaine sur ce point de vue, donc nous avons tout le loisir de choisir la bonne position, la bonne pose, etc ... À se demander si nous n'avons pas gagné au change finalement ! Apres 1h de contemplation, nous changeons d'endroit et nous devons aller en haut du cratère.
En signe d'apaisement, nous avons invité notre guide à prendre des photos avec nous, lui qui est reclus près du feu, tout penaud. La féerie de ce lieu nous a envoutés.
Avec la jeep, nous traversons la mer de lave séchée. Nous sommes au milieu de la brume, ce qui rend le paysage lunaire (à supposer que je sois déjà allé sur la lune, mais bon Tintin y est déjà allé, pourquoi pas moi ?). Au pied du cratère, nous retrouvons les jeeps des touristes qui sont allés sur le "bon" point de vue. Effectivement, ils étaient bien plus nombreux !
On nous propose de parcourir les 3 kms restants à cheval. Nous refusons poliment. Je me demande si les dresseurs de chevaux ne sont pas marseillais ou organisateus de manifestations car bien que ce soit assez raide, ces 3 kms doivent faire en tout et pour tout 500 mètres (et 150 mètres selon la police).
Nous croisons beaucoup de touristes français âgés, enfin disons, bien plus âgés que nous, et un peu plus âgés que nos parents (ne nous fâchons pas tout de suite avec nos lecteurs). Ils souffrent un peu dans la montée qui se termine par un escalier de 250 marches. Anne-Laure prend son courage à deux mains et prend les devants. En haut des marches, nous nous trouvons sur la crête du volcan, soit un corridor d'un mètre de large avec des deux côtés, des pentes assez abruptes. Nous sommes surtout pris à la gorge par la fumée dégagée par le volcan. Apres quelques minutes, nous réussissons à mieux respirer pour pouvoir nous focaliser sur le paysage. À nouveau, cela est merveilleux. Nous ne restons pas trop longtemps en haut, d'abord à cause de cette fumée, puis parce qu'il y a de plus en plus de monde pour un espace réduit et l'inconscience de certains touristes par rapport à ce qui ressemble pour nous à un danger nous distrait de ce paysage. Yannick relève cependant un défi lancé par Romain en hissant le drapeau du Stade Toulousain en haut du Bromo !
Nous redescendons vers la jeep, mais pas de notre petit nuage. La brume s'est levée sur la plaine de lave et nous profitons le plus possible du paysage. Nous y serions bien restés quelques heures !
Retour à 8 heures à l'hôtel pour un petit déjeuner en terrasse. La matinée avait mal commencé mais quelle belle fin !
Il est 9 heures du matin et sous un beau soleil, nous attaquons le chemin du retour. Notre chauffeur assure et prend la route qui longe la cote nord de l'île, la route est de bonne qualité, plutôt droite et bien moins fréquentée que celle du sud. Cela nous permet aussi de découvrir une autre partie de l'île. Nous ne nous arrêtons qu'une petite vingtaine de minutes pour déjeuner car la route est encore longue. Logiquement, nous prenons le ferry en sens inverse et avançons nos montres d'1 heure. Le ferry est bien plus fréquenté qu'à l'aller, notamment avec des bus scolaires, la mer est bien plus agitée et nos 2 amis indonésiens n'en mènent pas large.
Pas grand chose à dire sur le trajet, il est long, très long puisque nous mettons près de 12 heures pour arriver à Ubud. Nous tuons le temps en essayant de trouver des jeux ou en se forçant à faire des siestes prolongées. La nuit tombée, la circulation est bien plus dense, et la conduite encore plus difficile, nous sommes bien contents d'avoir un chauffeur.
Pour l'anecdote, je me rends compte pendant le trajet qu'il me manque une carte bancaire. Après réflexion, il est établi que j'ai dû l'oublier dans le distributeur à Seminyak avant le périple : en effet, en Indonésie, les distributeurs distillent l'argent avant de rendre la carte (ce qui peut prendre plusieurs secondes) et, perturbé par les nombreuses liasses de billets que j'ai récupérées (on retire à coup de millions en coupures de 50 000), j'en ai oublié l'essentiel. Plus de peur que de mal, une vérification des comptes et une opposition plus tard, les vacances reprennent de plus belle.
À Ubud, il est déjà 22h quand nous prenons possession de nos chambres, loin d'être folichonnes il est vrai, mais pour ce soir, cela nous ira très bien. Yannick a rêvé de pizza toute la journée, nous répondons à ses attentes. En sortant de table, il y a 4 marches à descendre qu'évidemment, je rate ... Un roulé-boulé plus loin, me voilà sur les fesses. Là encore, plus de peur que de mal, juste le signe que la journée a été très longue et qu'il est vraiment temps d'aller se coucher.
Cette expédition sur les volcans de Java à partir de Bali a nécessité de longues journées de voiture (28h en 3 jours) mais pour quel résultat ! Nous sommes ravis d'avoir pu faire le Mont Bromo et le Mont Ijen et nous ne saurions trop le conseiller à tous ceux qui voudraient venir visiter l'Indonésie. C'est juste MAGIQUE !
Il est sûr qu'il y a des moyens plus faciles de les atteindre mais pour nous 3, cela fera désormais des anecdotes à se remémorer lors des longues soirées d'hiver.
3 commentaires:
Félicitations à tous ceux qui sont parvenus à la fin de ce récit !! Eh oui, Aurélien a la plume facile. Et nous, on est bien content de prendre un peu de vacances !!
nice ! Bises à vous 3 ! Rom
Anne laure et Yann, aucun doute, vous avez trouvé un poète ! Passionnant ! Profitez bien, la vie est courte ! je suis pour ma part au Portugal. Les gens sont gentils, mais c'est moins joli ;) Bizz
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